Mon chat, sa MRC et Moi ! (enfin-vous!)

           Elle touche 1/3 des vieux chats, est une des maladies les plus couramment traitée en clinique, les études à son sujet sont nombreuses et elle n'a pas fini de nous révéler tous ses secrets (tout comme en humaine d'ailleurs)…. Je parle bien sur de la Maladie Rénale Chronique, ou MRC. 

Avant de parler alimentation, reposons les bases (vite fait!) :  

  • Qu’est-ce que la maladie rénale chronique ? 

Il s’agit d’une perte, progressive et irréversible de la fonction rénale, dû à une anomalie structurelle ou fonctionnelle, ou les deux. En temps normal, les reins ont plusieurs fonctions, ils filtrent le sang des déchets produits par l’organisme, qu’ils éliminent dans les urines. Ils assurent l’équilibre en eau et sels minéraux dans le corps, jouent un rôle essentiel pour la régulation de la pression artérielle, équilibre les réserves en calcium et phosphore…. 

La MRC, touche majoritairement les animaux âgés, mais certaines races comme le Sacré de Birmanie, y sont prédisposées et peuvent la déclarer plus jeunes. 

Attention un chat peut également souffrir d'une IRA : insuffisance rénale aigüe. Qui est une atteinte soudaine de la fonction des reins. Elle peut avoir plusieurs causes, intoxication, infection, calculs… Elle est plus ou moins grave en fonction de la cause. Mais est de courte durée, on peut donc avoir une guérison! 

  • Symptômes ?

Un chat atteint de MRC souffre de nausées, vomissements, boit plus et urine plus (on parle de polyuro-polidipsie) a des pertes d’appétit et donc une perte de poids associée, voir une fonte musculaire. D'autres maladies comme l'hypertension artérielle, peuvent être concomitantes. 

    • Les stades :

    Evidemment c’est votre vétérinaire qui établira le diagnostic de la MRC ! 

    Il n'est pas question ici de s'attarder sur les examens que votre vétérinaire fera!

    La MRC évolue en plusieurs stades, établis par l’International Renal Interest Society, appelés stades IRIS 1, 2, 3 et 4.

    Ce tableau permet d’adapter les traitements en fonction de la progression de la maladie et des atteintes des organes.  

    Quelles sont les caractéristiques de l’alimentation rénale ?  

    Prescrite par votre vétérinaire, l’alimentation rénale, est LE facteur essentiel pour ralentir la progression de la MRC, en soulageant les fonctions altérées des reins et en minimisant les perturbations de l’équilibre électrolytique, minérale et acido-basique. 

    Ainsi elle doit avoir les caractéristiques suivantes : 

    • Protéines animales de haute qualité digestive et aminogramme complet 
    • Taux de protéines réduit (mais pas trop, en fonction du stade !) 
    • Taux de phosphore contrôlé  
    • Taux de sodium contrôlé 
    • Riche en oméga 3 EPA + DHA 
    • Antioxydants 
    • Densité énergétique ++ 
    •  Appétence ++ 

    Souvent, une alimentation rénale est prescrite dès le diagnostic de la MRC, sans faire attention au stade de cette dernière. Un taux réduit de protéine, permet de limiter la production de déchets azotés et la fuite des protéines dans les urines, ce qui soulage l’activité des reins.

    Hors des études récentes, ont montrées que diminuer trop et trop tôt, le taux de protéines n’est pas toujours l'idéal, surtout pour préserver la masse musculaire de l’animal.

    Ainsi lors des stades IRIS 1 et 2 (sauf si fuite de protéines dans les urines), votre vétérinaire pourra vous conseiller un bon aliment senior ou un “Early Stage” (aliment pour l'insuffisance rénale précoce développé récemment par les marques vétérinaires) dans lesquels, le taux de protéines ne sera que légèrement réduit, le taux de phosphore y sera réduit également, mais pas trop (faudrait pas risquer une hypercalcémie !). Et qui seront enrichi en oméga 3 EPA et DHA et antioxydants.

    Pour les stades 3 et 4 la mise en place d’une alimentation rénale, avec taux de protéines et phosphore réduit est systématique. Attention taux de protéines bas, ne veut pas dire que l’on met l’animal en danger ! Le plus important est d’avoir des protéines très digestibles donc de haute qualité et où on retrouve tous les acides aminés essentiels, dans les bonnes quantités pour ne pas créer de carences en ces dernières. 

    Comme vous le voyez, ce n'est pas évident de s’y retrouver, pour peut que votre chat souffre d'autres pathologies en même temps, constipation, surpoids, arthrose, allergies...ca peut devenir un vrai casse tête! C’est pour ça que le mieux placé pour adapter l’alimentation de votre chat en fonction des caractéristiques et de l’évolution de sa maladie, restera toujours votre vétérinaire !  

    Mon chat boude ses croquettes rénales, que faire ?

     

    Pas facile, de maintenir la même alimentation à un chat insuffisant rénal. Souvent au cabinet on me rapporte des chats, capricieux, qui du jour au lendemain ne veulent plus de leur aliment, alors que la veille tout allait bien. Les propriétaires se retrouvent à jongler entre différentes marques, goûts, textures…pour trouver le saint graal, celle qui sera enfin acceptée !

    Le problème avec la MRC, on l’a dit, c’est qu’elle progresse…plus ou moins lentement mais sûrement. Votre compagnon peut donc souffrir de crises d’urémie, c’est à dire des taux d’urée et créatinine sanguin élevé, provoquant des ulcères buccaux, des nausées et donc un dégout envers l’alimentation. Typiquement le chat, va vers sa gamelle pour manger…et finalement n’y touche pas. 

    Donc avant de changer quoi que ce soit, il faut s’assurer auprès de son vétérinaire de l’état des reins de Minou ! 

    Ça y est, Minou sort de 48h de perfusion, a un traitement anti-nauséeux à poursuivre à la maison, ses taux d’urée et créatinine sont plutôt pas mal…maintenant c’est à vous de jouer pour le faire manger ! Voici quelques astuces : 

    • Privilégier l’alimentation humide : souvent plus appétente (si votre chat y est habitué !) car plus grasse. Elle permet en plus de conserver la bonne hydratation de votre chat.  
    • Certain l’aime chaud ! Et c’est souvent le cas chez le chat, qui aime sa nourriture, a minima à température ambiante, voire légèrement réchauffée, pour faire ressortir les odeurs et le gras ! Quelques secondes au micro-onde suffisent !  
    • Humidifier et ramollir les croquettes avec de l’eau tiède, ou un bouillon de bœuf peu salé. En petite quantité pour ne pas les laisser trop longtemps à l’air afin d’éviter le développement de bactéries ! Il existe également un complément d’hydratation sous forme de gelée qui peut être utilisé pour réhydrater les croquettes ! 
    • Saupoudrer de la levure de bière ou mettre quelques gouttes d'huile d'olive qui peuvent être un facteur d’appétence. Faites sentir/goûter à votre chat auparavant ! Il existe également des probiotiques à saupoudrer sur l’alimentation, à base de poisson, ils sont intéressants pour augmenter l’appétence de la ration.
    • Passer à une alimentation ménagère ! Plus appétente et forcément avec des protéines de très bonne qualité, elle est idéale pour les chats atteints de MRC. Attention elle doit obligatoirement être formulée par un vétérinaire nutritionniste !  
    • Si vous varier les plaisirs (culinaires !), un seul à la fois et pas trop souvent pour ne pas rendre votre chat encore plus difficile ! Et surtout faites des transitions afin d’éviter les désordres digestifs.  
    • Conserver des croquettes dans un endroit sec et hermétique. L'idéal est de privilégier les petits paquets, car les fortes teneurs en EPA et DHA, font que les croquettes rénales, peuvent rancir plus rapidement. Prenez par exemple un paquet qui dure maximum un mois.
    • Faites une liste! Avec les noms des marques qu'il aime et celles qu'il n'aime pas, les textures préférées, mousses, gelées, croquettes, en sauce...vous verrez c'est un vrai gain de temps ;)

     

    Et n'oubliez pas lors de la mise en place d'une alimentation diététique, votre meilleur interlocuteur sera votre vétérinaire, et ses auxiliaires bien sûr ;)

    Ajouter un commentaire

    Commentaires

    Il n'y a pas encore de commentaire.